Aller au contenu
Home » Blog » Développez les bonnes compétences pour accélérer la transformation de votre média !

Développez les bonnes compétences pour accélérer la transformation de votre média !

  • Non classé

Entretien avec Antoine Laurent, expert en fact-checking, Data Journalism, mobile journalism (MoJo) et en organisation de hackathons dans des rédactions. Antoine assure pour NWE Academy une première série de formations clés pour accélérer l’innovation et la transformation des médias.

David Sallinen – Le mobile aura profondément changé les pratiques des journalistes en matière de production, de narration et de diffusion de contenus. Quels sont tes conseils pour intégrer au mieux le mobile dans sa pratique journalistique ?

Antoine Laurent – La révolution du smartphone, des réseaux sociaux, des plateformes numériques a commencé il y a 15 ans. Le premier iPhone est sorti le 29 juin 2007! Ce qui était au départ un terrain d’expérimentation de niche est devenu la norme, un des lieux principaux de la consommation de l’information. Il est donc essentiel de penser à la consommation numérique et mobile, à toutes les étapes de la production journalistique. Cela passe bien sûr par une application mobile performante pour un média, mais aussi par la mise en place de nouveaux formats, qui vont en général compléter les articles traditionnels, pour assurer une meilleure diffusion sur les plateformes numériques : des formats textes courts ou résumés pour les réseaux sociaux, des vidéos live depuis la rédaction ou le terrain, de l’enquête open source, des animations, des stories, etc.

DS – À quoi doit-on être vigilant en matière de MoJo ?

AL – Le journalisme vidéo mobile est une petite révolution qui permet à tout média de produire des images de qualité depuis le terrain. Or, sans stratégie, sans un format éditorial adapté et sans process de production bien organisé, le Mojo peut s’avérer contre productif. Il ne faut pas se lancer dans le Mojo à tout prix, mais développer des formats précis, adaptés à la ligne éditoriale et à l’audience. Dans certains cas, le MoJo ne sera peut-être pas la meilleure option ! Les formats en studio ou à base de “motion design” sont aussi à envisager. Reste que pour le terrain, le MoJo est roi, mais il faut bien le penser : live immersif, plateau mobile, reportage, les options sont nombreuses.

DS – Désormais, il ne suffit plus de produire le meilleur contenu qui soit, encore faut-il que l’organisation sache en faire une promotion efficace. Quelle place doivent occuper les Stories ? Comment doit évoluer le travail des responsables de communauté ?

AL – Les plateformes sociales offrent effectivement des relais très intéressants, voire indispensables pour faire la promotion du contenu journalistique. Il ne faut cependant pas les voir uniquement dans ce rôle de “haut parleur”, car elles sont également très intéressantes pour imaginer de nouveaux formats, de nouvelles narrations qui peuvent particulièrement résonner avec les communautés. Pour exploiter au mieux le potentiel des réseaux sociaux, le rôle du “community manager” évolue pour devenir celui d’un véritable “stratège digital”: il connaît les communautés, les spécificités des plateformes et est à même de concevoir, et produire les formats adaptés. Les “stories” peuvent être de simple relais des articles et vidéos, mais aussi des formats dédiés bien produits, si l’on souhaite développer une certaine plateforme.

DS – Le data journalisme est-il réservé à un type de sujets, de contenus ou aux journalistes les plus geeks ?

AL – Au contraire, le data journalisme est intéressant pour tous les journalistes, pour tous types de sujets. L’important est d’en connaître quelques bases, pour pouvoir produire des visualisations simples, analyser des données et savoir quand faire appel à un expert pour des productions plus complexes.

DS – Les journalistes n’ont eu de cesse d’enrichir leurs pratiques pour innover, varier les modes de narration, être plus à l’écoute de leurs audiences… Les équipes pluridisciplinaires sont-elles l’avenir du journalisme ?

AL – Tous les supports de diffusion font appel à des équipes de production: la radio et la télévision bien sûr, mais aussi le papier, avec les SR, les éditeurs, les maquettistes et le numérique ne fait pas exception. Maintenant que l’écosystème numérique et mobile est arrivé à une relative maturité, on sait mieux comment organiser la production. Cela passe par la collaboration entre journalistes, graphistes et développeurs, qui doit être orchestrée par un journaliste chef de projet/produit, à même de dialoguer avec les experts. Pendant longtemps, la communication a été très difficile entre journalistes et spécialistes du numérique. En mettant en place des équipes de production numérique modernes, un média est à même de savoir quels projets numériques lancer, quand, comment, et surtout pourquoi ! Faut-il investir dans le MoJo, la post production et les stories, le data journalism ou mettre en place une équipe de fact-checking ou d’enquête en ligne ? C’est aujourd’hui aux chefs de produits numériques de concevoir et mener ces projets, en collaboration avec journalistes, graphistes et développeurs !